Le Limes romain
Après avoir étendu leur grandiose empire et conquis d'immenses territoires, les Romains durent réglementer le passage des marchandises et des hommes dans leurs terres, en construisant des murs et d'autres limites pour dessiner la frontière. Ce sont ces limites que l'on a appelées "le Limes".
- Qu'est-ce que le Limes ?
- Tracé du Limes
- Fonctions du Limes
- Traces du Limes aujourd'hui
- Les Romains sur le Limes
Qu'est-ce que le Limes ?
Le Limes matérialisait physiquement la frontière entre l'empire romain et le monde barbare, tel qu'il était conçu par les Romains : à savoir, tous les peuples ne parlant ni grec, ni latin.
En latin, limes signifie simplement « chemin de patrouille à la frontière ». Pour permettre une vue dégagée sur l'ennemi, les Romains avaient déboisé de grands espaces. Nombre de ces sentiers existent encore aujourd'hui en Allemagne.
Le Limes pouvait être constitué de murs de pierres, de tertres, de fossés, de palissades, de tours de guet, de forts, ...
Les murs constituant le Limes venaient souvent consolider les limites naturelles de l'empire (rivières, montagnes, collines, ...).
Ce terme fut utilisé la première fois en 97 ap. J-C par l'historien latin Tacite (55-120).
Tracé du Limes
Comme on le sait, le tracé des Limes suit la frontière de l'empire romain. La forme la plus connue des Limes est le mur.
On pouvait en trouver en Bretagne, en Germanie, en Rhétie, en Roumanie, en Afrique du Nord et en Palestine. Bref, un peu partout où les Romains établirent leurs colonies.
Fonctions du Limes
Fonction frontalière
Les Limes servaient tout d'abord à matérialiser la frontière entre l'Empire romain et le monde barbare.
Fonction défensive
Les Limes servaient à défendre l'Empire romain contre les attaques barbares venant de l'extérieur, et à contenir les révoltes des peuples soumis, venant de l'intérieur.
Les historiens s'accordent pour penser que cette fonction était mineure.
Fonction de communication
Les Limes comportaient des chemins permettant aux troupes romaines un déplacement rapide. Les informations étaient communiquées entre les tours de guet par signaux visuels ou sonores.
Fonction douanière
La fonction principale des Limes était en fait le contrôle des frontières en établissant des points de passage obligatoires, pour pouvoir gérer le passage des populations barbares et des marchandises, et les taxer (fonction commerciale).
Traces du Limes aujourd'hui
Voici quelques traces du Limes ayant subsistées aujourd'hui, et que l'on peut admirer un peu partout où les Romains ont établi leurs colonies :
Le mur d'Hadrien
Le mur d'Hadrien est une fortification en pierre et en tourbe construite à partir de 122 après J-C par les Romains sur toute la largeur de l'Angleterre pour protéger le sud de l'île des attaques des tribus de l'actuelles Ecosse.
Une importante partie du mur existe toujours, en particulier dans la partie centrale et le mur est encore praticable à pied sans danger.
En 1987, l'UNESCO l'a inscrit au patrimoine historique mondial.
Le mur d'Hadrien, avec ses 4,5 m de haut et ses 2,7 m de large, s'étend sur 117 km. Il longe au sud la frontière actuelle entre l'Angleterre et l'Ecosse et en est le plus proche à son extrémité orientale. Il s'agit de l'un des derniers vestiges du passage des Romains dans cette région.
Au début du Ve siècle, l'empire romain en plein déclin négligea cette frontière si lointaine. Les soldats, petit à petit, abandonnèrent leur poste, s'installant pour la plupart dans la région pour devenir de simples paysans. Au cours des siècles qui suivirent, le mur fut laissé à l'abandon, livré au pillage des villageois qui récupérèrent en grande partie des pierres pour construire leurs maisons, leurs églises.
Le Limes germanique
Le Limes germanique protégeait les provinces de Germanie supérieure et de Rhétie, en avant des Champs Décumates. Il était constitué de plus de 60 places fortifiées, espacées d'une dizaine de kilomètres. Des cohortes de 500 légionnaires et cavaliers y étaient stationnés pour empêcher les pillages des Germains dans la zone contrôlée par les Romains. Plus de 900 tours de guet se dressaient le long du Limes rhénan, espacées les unes des autres de façon à pouvoir avertir au plus vite la prochaine place fortifiée de tout mouvement germain.
Cologne, Strasbourg et Vienne étaient des forts chargés de protéger le Limes.
Le Limes germanique fut détruit par les attaques des Alamans en 258. Ceux-ci occupèrent l'espace compris entre le Rhin et le Danube. Une nouvelle ligne fut organisée par Aurélien (270-27) le long du Rhin et de l'Iller, affluent du Danube, avec Brigantium (Bregenz) comme camp militaire.
Les Romains sur le Limes
Lors de la conquête de la Gaule par Jules César, de 58 à 51 avant J.-C., le Rhin devint
frontière de l'Empire romain.
Quelques années plus tard, en 15 avant J.-C., sous le règne d'Auguste, les Romains soumirent les peuples des Alpes et s'établirent sur la rive droite du Danube supérieur.
Mais, comme entre les deux fleuves, le territoire ennemi formait un saillant aussi dangereux que gênant, en 74 après J.-C., l'empereur Vespasien fit tracer une route stratégique de Strasbourg à Tuttlingen, sur le Danube. Les territoires gagnés par les Romains sur la rive droite du Rhin reçurent le nom de Champs Décumates (Agri decumates).
Sous le règne de Domitien (81-96 après J.-C.), les Romains commencèrent à fortifier la frontière reliant le Rhin au Danube.
Le Limes, la frontière fortifiée, garantit aux Champs Décumates une sécurité relative pendant près de deux siècles, jusqu'en 260, date à laquelle les Germains chassèrent les Romains de la rive droite du Rhin.
Une tour du Limes en bois
Le mot latin "Limes", dont le sens premier était chemin, s'appliquait notamment à un chemin séparant deux parcelles de terre.
Durant l'époque impériale, il servit à désigner les frontières de l'Empire avec leurs installations défensives.
Dans un premier temps, les Romains tracèrent le long de la frontière germanique une route militaire surveillée de place en place par des tours de guet en bois.
La vue représente une tour de guet en bois reconstituée dans le cadre du musée du Limes en plein air de Rainau, au lieu-dit Mahdholz.
Dans leur grande majorité, les tours du Limes de Germanie étaient entourées non pas d'une palissade, mais d'un fossé simple ou double destiné à les protéger moins contre les ennemis que contre l'humidité du sol.
La palissade du Limes
Sous le règne de l'empereur Hadrien, vers 120 après J.-C., les Romains construisirent une palissade ininterrompue en pieux de bois pointus destinée à protéger le chemin et les tours de guet du Limes.
La vue représente un tronçon de cette palissade reconstituée au lieu-dit Zugmantel, au nord de Wiesbaden.
Une tour du Limes en pierre
Au cours de la seconde moitié du IIe siècle, les tours en bois du Limes furent remplacées par des tours en pierres plus solides.
La photo montre la tour reconstituée au Zugmantel.
On y remarque la galerie faisant le tour du poste d'observation aménagé au dernier étage.
La porte d'entrée se trouvait toujours au premier étage pour empêcher l'ennemi de l'enfoncer avec un bélier. Ici on a percé une seconde entrée dans le mur du rez-de-chaussée afin de faciliter l'accès du bâtiment aux visiteurs.
Remblai, fossé et palissade du Limes
A la fin du IIe et au début du IIIe siècle, les Romains aménagèrent, entre la palissade (vallum) et le chemin, un fossé (fossa) doublé d'un remblai (agger) du haut duquel ils dominaient avantageusement les ennemis qui avaient réussi à escalader la palissade.
La vue présente les installations défensives du Limes reconstituées "in situ" près de la Saalburg (au nord-ouest de Francfort-sur-le-Main).
Le remblai du Limes
En beaucoup d'endroits, en particulier à travers le massif montagneux du Taunus, le remblai du Limes et parfois même le fossé qui le longeait ont été bien conservés jusqu'à nos jours.
La photo montre le remblai du Limes, tel qu'il existe encore aujourd'hui au nord du camp romain de la Saalburg.
Base de tour et rempart en pierres du Limes de Rhétie
Alors qu'en Germanie supérieure (Hesse et Bade-Wurtemberg), les Romains renforcèrent la protection du Limes au moyen d'un remblai doublé d'un fossé, en Rhétie (Bavière), où la pression des tribus germaniques semble avoir été plus forte, ils construisirent à la place de la palissade un mur en pierres reliant les tours entre elles.
La vue présente une reconstitution d'un pan de ce mur au lieu-dit Mahdholz, à Rainau près d'Aalen.
Fossé et rempart du camp romain de la Saalburg
La défense du Limes était confiée à des troupes auxiliaires d'infanterie ou de cavalerie établies dans quelques 75 camps permanents qui s'échelonnaient tous les dix kilomètres le long du Limes.
L'un d'entre eux, le camp de la Saalburg, fut reconstruit entre 1897 et 1907 sur d'anciennes fondations romaines.
Un premier fortin en bois pour une garnison d'environ 150 soldats fut construit pendant la guerre que l'empereur Domitien mena contre la tribu germanique des Chattes, en 83 après J.-C.
Vers 1long1, l'empereur Hadrien fit construire un second camp, six fois plus grand que le premier.
Entre 160 et 190, le rempart de bois et de pierres fut remplacé par une enceinte en maçonnerie.
Le camp actuel voudrait être une reconstitution aussi fidèle que possible de cette dernière construction.
- L'article de Wikipédia sur le Limes romain.
- L'article de l'Unesco qui présente le Limes romain, et qui est accompagné d'une carte interactive situant les différants murs le constituant (en anglais).